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La pénibilité

Article publié le 09/02/2018 - 

Le Code du travail impose à tout employeur d'assurer la sécurité et de protéger la santé physique et mentale de ses salariés. À ce titre, il doit évaluer et prévenir l’ensemble des risques professionnels auxquels ils sont exposés (Lire notre arrticle sur le Document Unique d'Evaluation des Risques Professionnels). Lorsque les mesures de prévention se révèlent insuffisantes, certains risques sont facteurs de pénibilité : ils peuvent occasionner des dommages durables aux salariés au-delà de certains seuils d’exposition. La loi instaure alors, au bénéfice de ces salariés, un mécanisme de compensation.

Depuis le 1er janvier 2015, Les salariés exposés à des facteurs de pénibilité pouvaient accumuler des points sur   un compte personnel de pénibilité. L'ordonnance n°2017-1389 du 22 septembre 2017 transforme le compte personnel de prévention de pénibilité (C3P) en compte professionnel de prévention (C2P). 

La pénibilité concerne les salariés exposés à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels pouvant « laisser des traces durables et identifiables et irréversibles sur la santé ».

 

L'employeur est soumis aux obligations suivantes :

- effectuer chaque année une évaluation de l'exposition à la pénibilité de chaque travailleur en fonction de ses conditions de travail ;

- consigner, en annexe du document unique d'évaluation des risques professionnels, les données collectives d'exposition aux facteurs de pénibilité ;

- renforcer les mesures de prévention et de protection collective et individuelle (par rapport au bruit, un exemple de protection collective sera le capotage d'un matériel un exemple de protection individuelle sera la mise à disposition des casque anti-bruit).

Pour être prise en compte, la pénibilité doit avoir une intensité et une durée minimales, évaluées selon des critères liés à :

- des contraintes physiques marquées ;

- un environnement physique agressif ;

- certains rythmes de travail.

Les seuils sont appréciés après prise en compte des moyens de protection collective et individuelle mis en œuvre par l'employeur.

Tous les salariés de l'entreprise doivent être pris en compte, quel que soit leur contrat (CDI ou CDD au-delà d'1 mois) ou la durée de travail (sauf pour les CDD égaux ou inférieurs à 1 mois qui sont exclus).

Sont concernées toutes les entreprises de droit privé et les salariés des établissements publics sous droit privé, y compris les apprentis. Il n’y a pas de condition d’effectif.

 

 

Ce que dit la loi

 

Article L4661-1

L’employeur a l’obligation de déclarer via la Déclaration Sociale Nominative (URSSAF) les expositions des travailleurs à la pénibilité.

L'ordonnance n°2017-1389 du 22 septembre 2017 retient 6 critères de pénibilité ainsi que, pour chacun d’entre eux , les seuils d’exposition (Les modalités d'application feront l'objet de décrets à venir) :​

  • L’activité en milieu hyperbare ;
  • L’exposition aux températures extrêmes ;
  • L’exposition au bruit ;
  • Le travail de nuit ;
  • Le travail en équipes successives alternantes ;
  • Le travail répétitif.

 

 

L'activité en milieu hyperbare

 

1. Définition :L’activité en milieu hyperbare est définie par l’article 4461-1 du code du travail

Un milieu est dit « hyperbare » si sa pression est supérieure à celle de l'atmosphère au niveau de la mer. Des dispositions protectrices sont imposées aux travailleurs soumis à une pression relative supérieure à 100 hectopascals (soit approximativement 1 mètre de profondeur pour les plongées).

Les salariés sont exposés aux travaux hyperbares lors des travaux suivants :

  • travaux en rivière, mer, plans d'eau : barrages, puits, forage, aménagement des berges, etc., mise en place de palplanches, coffrages, bétonnage ;
  • plongée pour mise en oeuvre de piles de pont sur mer, rivières, etc. ;
  • bouclier poussé par des vérins : tubistes, creusement de galeries, tunnels, sondage, terrassement ;
  • divers travaux : électricité, maçonnerie, étanchéité, injection de matériaux pour consolider le sous-sol ;
  • travaux en terrain humide ou marécageux (creusement).

Seules les entreprises disposant d'un certificat délivré par un organisme de certification accrédité peuvent réaliser des travaux en milieu hyperbare. Et seuls les salariés bénéficiant d'un certificat d'aptitude à l'hyperbarie peuvent travailler en milieu hyperbare. Ce certificat ne peut être délivré qu'à la suite d'une formation réalisée par un organisme compétent.

 

2. Seuils:

Action ou situation

Intensité minimale

Durée minimale

Intervention ou travaux

1200 Hectopascals

60 interventions ou

travaux par an

 

 

 

 

 

 

L’exposition aux températures extrêmes

 

1. Définition : températures inférieures ou égales à 5°C ou températures supérieures ou égales à 30°C, sans tenir compte de températures extérieures.

2. Seuil : A partir de 900 heures par an

 

 

 

L’exposition au bruit

 

1. Définition : lorsque celui-ci dépasse 80 décibels* (exposition moyenne sur 8h) ou 135 décibels* (exposition instantanée aux bruits très courts). Cf Article R4431-2 du code du travail.

* Avec les PICB (Protections Individuelles Contre le Bruit)

2. Méthodes d'évaluation:

2.1 Données bibliographiques :Si le bruit provient d'une machine, on peut se référer aux données indiquées par le fabricant. Il est également possible de consulter des bases de données de niveaux sonores par exemple les tableaux SUVA .

Comment accéder aux tableaux suva?

2.2 Evaluation sommaire: On peut également évaluer le bruit grâce à des questions simples:

 

Devez-vous élever la voix pour parler à un collègue situé à 1 mètre?
Est-ce que vos oreilles bourdonnent pendant ou à la fin de votre journée de travail?
De retour chez vous, après une journée de travail, devez-vous augmenter le volume de votre radio, de votre téléviseur?

 

On estime atteindre les 80 db(A) si la réponse à l'une de ces questions est OUI.

2.3 Mesurage

 Le mesurage peut être effectué à la demande de l'employeur, du CHSCT, du médecin du travail voire de l'inspection du travail. Il peut être effectué par des entreprises spécialisés, les services prévention des CRAM/CARSAT ou les Services de Santé au Travail. 

3. Seuils :

Intensité minimale

Durée minimale

Niveau d'exposition au bruit rapporté à une période de référence de huit heures d'au moins 80 décibels (A) 

600 h /an

Exposition à un niveau de pression acoustique de crête au moins égal à 135 décibels (C) 

120 fois par an

 

Quelques outils:

Calculette INRS: "Bruit, estimation de l'exposition quotidienne".

Calculette INRS: "Bruit, estimation de la protection réelle des PICB".

 

 

 

 

Le travail de nuit

 

1. Définition : Sont considérés comme travailleurs de nuit les salariés qui effectuent :

.           Au moins 2 fois par semaine 3 heures de travail entre 21h et 6h

.           OU au moins 270h par an entre 21h et 6h

Le travail de nuit effectué sous forme d'astreinte à domicile est pris en compte uniquement pour le temps d'intervention effectif. En revanche, l'astreinte, effectuée sous forme de veille sur le lieu de travail, est considérée comme du temps de travail dans sa globalité.

2. Seuils :

Situation

Durée minimale

Une heure de travail entre 24 h et 5 h

120 nuits par an

 

 

 

 

Le travail en équipes successives alternantes

 

1. Définition : tout mode d’organisation du travail en équipe selon lequel des travailleurs sont occupés successivement sur les mêmes postes de travail, selon un certain rythme, y compris rotatif, de type continu ou discontinu, entraînant pour les travailleurs la nécessité d’accomplir un travail à des heures différentes sur une période donnée de jours ou de semaines ».

Le travail posté, comme par exemple les 3x8, 2x8, 2x12, fait partie des organisations temporelles atypiques et inclut souvent un poste horaire de nuit.

2. Seuils :

Situation

Durée minimale

Travail en équipes successives alternantes impliquant au minimum une heure de travail entre 24 heures et 5 heures

50 nuits par an

 

 

 

 

Le travail répétitif

 

1. Définition : il est caractérisé par la réalisation de travaux impliquant l'exécution de mouvements répétés, sollicitant tout ou partie du membre supérieur, à une fréquence élevée et sous cadence contrainte par exemple par une machine.

2. Seuil

Action ou situation

Durée minimale

Temps de cycle inférieur ou égal à 30 secondes : 15 actions techniques ou plus 

900 heures par an 

Temps de cycle supérieur à 30 secondes, temps de cycle variable ou absence de temps de cycle : 30 actions techniques ou plus par minute 

 

Pour plus d'informations, nous vous recommandons de consultez les sites institutionnels Service-public Pro et Service-public.


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